Communiqué de la CNRA, 21 juin 2024
La CNRA exprime ses vives préoccupations face aux menaces pesant sur l’audiovisuel public, les radios associatives et l’ensemble du secteur associatif
La Confédération Nationale des Radios Associatives (CNRA) est particulièrement préoccupée par les répercussions politiques des dernières élections européennes et de la dissolution de l’Assemblée Nationale. Ces événements ouvrent des perspectives qui pourraient menacer la pérennité de l’audiovisuel public, les dynamiques associatives et l’ensemble de l’écosystème médiatique.
Privatisation de Radio France : un danger pour la diversité médiatique
La CNRA souhaite exprimer sa profonde inquiétude quant aux discours du Rassemblement National portant sur la privatisation de Radio France. Une telle décision, si elle venait à se concrétiser, pourrait provoquer un séisme économique et menacer durablement l’équilibre du paysage radiophonique français, qui a mis quatre décennies à se stabiliser.
Depuis sa création, Radio France joue un rôle central dans l’écosystème radiophonique français. Sa privatisation pourrait entraîner une concentration du marché au profit de grands groupes privés, risquant ainsi de marginaliser les radios associatives et les voix alternatives qui contribuent à la diversité médiatique. Cette concentration pourrait également entraîner une standardisation des contenus des médias regroupés et détenus par les intérêts des grands groupes financiers, au détriment de la pluralité et de la richesse des informations, des opinions et des cultures locales.
Menace sur le FSER : une déstabilisation dangereuse.
Le Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER), crucial pour le financement des radios associatives, pourrait également être menacé dans la lignée de la privatisation de l’audiovisuel public. La CNRA rappelle que le FSER joue un rôle vital en garantissant la survie économique des radios locales et associatives, qui ont souvent des ressources très limitées. Toute remise en question de ce fonds porterait un coup sévère au secteur de l’audiovisuel associatif, risquant de provoquer une disparition progressive de ces médias essentiels.
Rappelons que le FSER est une contrepartie apportée par la loi à l’exercice de la mission de communication sociale de proximité des radios associatives, une mission de service public permettant d’offrir des contenus diversifiés et de qualité, tout en étant proches des préoccupations de leurs auditeurs. Les radios associatives s’investissent dans des actions essentielles pour la cohésion sociale et la démocratie sur leur territoire. La fragilisation du FSER nuirait directement à la mission de base des radios associatives reconnue par la loi.
Les radios associatives : un pilier de la cohésion sociale et de la démocratie locale
La CNRA tient à souligner les actions des radios associatives en faveur du développement et de la cohésion des territoires : elles jouent un rôle clé dans la dynamisation des territoires, notamment en milieu rural et dans les quartiers populaires. Elles participent à la promotion des initiatives locales, des événements culturels, et contribuent à la participation citoyenne et la vie publique. Elles agissent au quotidien pour le maintien du lien social et le développement économique local de leur territoire tout en offrant des canaux d’expression citoyenne aux populations.
Les radios associatives jouent un rôle clef dans les actions d’éducation aux médias et à l’information : Dans un contexte de multiplication des fake news et de défiance envers les médias, les radios associatives sont en première ligne pour promouvoir une éducation aux médias. Elles offrent des programmes pédagogiques pour sensibiliser le public à l’analyse critique de l’information et au fonctionnement des médias, contribuant ainsi à renforcer une citoyenneté éclairée.
Enfin, les radios associatives s’engagent dans la lutte contre toutes les discriminations : les radios associatives sont activement impliquées dans la promotion de la diversité et l’inclusion. Elles donnent la parole aux minorités, valorisent les différentes cultures et travaillent à déconstruire les stéréotypes. Ces actions sont essentielles pour bâtir une société plus juste et équitable, où chaque voix a la possibilité d’être entendue.
La CNRA appelle donc à sauvegarder l’audiovisuel public et à garantir la pérennité du FSER. Il est crucial de préserver le rôle de service public de Radio France et de soutenir les radios associatives qui enrichissent notre paysage médiatique et renforcent la cohésion sociale.
La CNRA tient également à apporter son soutien à l’ensemble du mouvement associatif face aux inquiétudes qui pèsent sur les libertés associatives et sur des structures qui contribuent chaque jour à l’expression de la parole citoyenne, à la solidarité et à l’éducation populaire. La diversité des voix et la pluralité des contenus sont des piliers indispensables de notre démocratie qu’il est essentiel de préserver et de protéger.